lu sur agora vox
mercredi 11 octobre 2006, 14h44
Un scandale peut en cacher un autre... L'affaire Redeker devient une affaire de Robien
Par Daniel RIOT, sa biographie
Cet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole.
Censure liberticide et intolérance : l'affaire Redeker est aussi une "affaire de Robien"... Y a-t-il encore un ministre à l'Education nationale? Il est des silences très lourds... Lâchage et lâcheté...
Non, non, non et NON... J'ai signé la pétition, bien sûr... Même si je n'ai rien d'un professionnel de la pétition. Et j'ai lu avec intérêt nombre de textes d'intellectuels ou simplement de citoyens sur ce crime contre l'intelligence... SOS, Voltaire ! Halte à la régression... Je trouve que « l'affaire Robert Redeker » est trop vite passée sous silence, minimisée, ignorée. Scandaleusement effacée...
Je ne connais pas ce professeur de philosophie. Je ne suis pas sûr d'être d'accord avec toutes ses vues. Et je n'ai apprécié que modérément son article publié dans Le Figaro. Il est d'autres manières de critiquer ce qui peut transformer l'islam en islamisme, et surtout en islamo-fascisme ou en fascislamisme. Personnellement, j'en ai même commis un livre (avec mon ami Driss Ajbali) : Ben Laden n'est pas dans l'ascenseur...
Mais ce qu'il vit, connaît, subit est inadmissible. Son interview dans Sud-Ouest de dimanche vaut autant lecture que son article dans Le Figaro : il dénonce le "lâchage et (la) lâcheté" du ministère de l'Education nationale." "Le ministère de l'Education n'a même pas porté plainte contre X pour menace de mort contre un de ses fonctionnaires". L'enseignant, exerçant dans la région toulousaine, vit dans un lieu tenu secret depuis la parution de sa chronique le 19 septembre. Robert Redeker assure qu'il ne se porte "pas bien du tout" et vit "enfermé depuis deux semaines, séparé de (sa) famille, surveillé par la police".
Lâchage et lâcheté... Au plus haut niveau de l'Etat. Eh ! Oui. Monsieur Gilles de Robien devrait avoir des problèmes de conscience. Mais son « portefeuille » ministériel semble importer plus que tout. D'ailleurs, son immobilisme chronique lui a évité les « ennuis » de quelques-uns de ses prédécesseurs, d'Allègre à Luc Ferry (en passant par Bayrou, d'ailleurs).
Ce doit être terrible pour lui d'affronter son miroir matinal. Comment un homme dit de « principes » peut-il se rendre complice des pires pourfendeurs de ses propres principes ? Si l'on comprend bien (dans l'attente d'explications plus amples), Robert Redeker n'aurait que ce qu'il mérite, ou presque... Où le blasphème redevient un délit... Où le délit d'opinion est ressuscité, même dans Le Figaro. Où le ministre de l'Education devrait retourner à l'école de la République...
Une fois de plus, je me réfère à Jacques Julliard : « A des signes comme ceux-là, on mesure les progrès réalisés, au nom de l'immonde principe de précaution, par l'esprit de soumission dans la conscience commune. Qu'est-ce donc que la tolérance ? Le mot, en vérité, n'est pas heureux. Sans parler de la boutade de Claudel -"La tolérance, il y a des maisons pour ça !"- on constate que son premier sens est terriblement restrictif. Tolérer, c'est d'abord ne pas réprimer alors que, juridiquement, on le pourrait : c'est ainsi que l'on "tolère" de plus en plus des voitures sur le trottoir. Cette tolérance-là est le contraire du droit. »
Si le ministre de l'Education nationale n'est pas le ministre de la tolérance et de la laïcité, il n'a rien à faire à son poste. Son silence transforme « l'affaire Redeker » en « affaire de Robien ».
Je (re)cite Julliard : « Ainsi, la sacralisation des croyances est un présage lugubre dans une société qui se communautarise chaque jour davantage et qui ne parvient plus à concevoir le débat public autrement que sous la forme de la coexistence pacifique des communautés, de leurs croyances, de leurs absurdités, de leurs tabous, de leurs interdits, de leur terrorisme intellectuel - en un mot, de leur sectarisme. Et voilà le résultat ! La "tolérance" comme rempart ultime du fanatisme, quelle absurdité ! L'extraordinaire sensiblerie intellectuelle de notre temps à toutes les croyances aboutit paradoxalement à la sacralisation du sectarisme, à la restriction de la liberté de penser et de débattre ». La « sacralisation du sectarisme » : une formule à méditer Monsieur de Robien...
A LIRE >>>>>
TRIBUNE SUR L'ISLAM
Le texte de l'appel en faveur
de Robert Redeker
NOUVELOBS.COM | 06.10.06 | 11:33
Voici le texte de l'appel en faveur de Robert Redeker, professeur de philosophie ayant publié une libre opinion sur l'Islam dans Le Figaro du 19 septembre, paru dans Le Monde daté du mardi 3 octobre.
Robert Redeker enseignait la philosophie dans un lycée de la région de Toulouse. Dans Le Figaro du 19 septembre, il signait une libre opinion intitulée : "Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?" Accusé d'avoir "offensé le Prophète", Robert Redeker est depuis lors menacé de mort. Comme Salman Rushdie, traqué pendant quinze ans sur toute la planète. Comme Theo Van Gogh, abattu comme un chien le 2 novembre 2004 dans une rue d'Amsterdam.
Les menaces de mort, très précises, contre Robert Redeker, émanant d'organisations de la mouvance d'Al-Qaida, ont été authentifiées par la police française et la DST. Sur leurs sites Internet, les menaces contre Robert Redeker appellent d'ailleurs ouvertement à suivre l'exemple de l'assassin de Theo Van Gogh.
Aussi, depuis la publication de son article, la vie de Robert Redeker a basculé dans le cauchemar.
Il la décrit ainsi dans une lettre à un ami : "Je n'ai plus le droit de loger chez moi (sur les sites me condamnant à mort il y a un plan indiquant comment venir à ma maison pour me tuer, il y a ma photo, celle des lieux où je travaille, des numéros de téléphone, et l'acte de condamnation). Mais en même temps on ne me fournit pas d'endroit, je suis obligé de quémander, deux soirs ici, deux soirs là... Je suis sous protection policière permanente. Je dois annuler toutes les conférences prévues. Et les autorités m'obligent à déménager. Je suis un SDF. Il s'ensuit une situation financière démente, tous les frais sont à ma charge, y compris ceux, éventuels, d'un loyer d'un mois ou deux éloigné d'ici, de deux déménagements, de frais de notaire, etc. C'est bien triste. J'ai exercé un droit constitutionnel, et j'en suis puni, sur le territoire même de la République."
Quel que soit le contenu de l'article de Robert Redeker, il s'agit là d'une attaque extrêmement violente contre la souveraineté nationale. Une menace de meurtre sur notre territoire est formulée en toute impunité, et c'est absolument inadmissible.
Une poignée de fanatiques agite en ce moment de prétendues lois religieuses pour remettre en cause, dans notre pays, nos libertés les plus fondamentales. Cette menace s'ajoute aux murmures que l'on peut entendre ici et là partout en Europe sur les "provocations" qu'il faudrait désormais éviter afin de ne pas froisser de supposées sensibilités étrangères.
Porter des strings à Paris-Plages est déconseillé, tout comme écouter Mozart à Berlin ou le pape à Ratisbonne. Ces murmures sont dictés par la peur, et nous ne l'admettons pas. Pas plus que nous n'admettons les premières déclarations du SNES, syndicat d'enseignants qui se désolidarisait d'un professeur aujourd'hui menacé dans sa vie même.
Les temps en Europe redeviennent durs. L'heure n'est pas à la lâcheté. C'est pourquoi nous en appelons solennellement aux pouvoirs publics afin, non seulement, qu'ils continuent de protéger comme ils le font déjà Robert Redeker et les siens, mais aussi que, par un geste politique fort, ils s'engagent à maintenir son statut matériel tant qu'il est en danger, tout comme les autorités anglaises n'ont pas hésité à le faire durant tout le temps qu'a duré l'affaire Rushdie.
Nous en appelons aussi aux représentants de toutes les religions, et notamment aux musulmans, pour qu'ils placent sous leur protection Robert Redeker comme ils doivent le faire de toute personne menacée dans sa vie.
Les signataires : Alexandre Adler, Laure Adler, Elisabeth Badinter, Pascal Bruckner, Michel Deguy, Raphaël Draï, Roger-Pol Droit, Elisabeth de Fontenay, Alain Finkielkraut, François George, André Glucksmann, Romain Goupil, André Grjebine, Claude Lanzmann et le comité de rédaction de la revue "Les Temps modernes", Corinne Lepage, Bernard-Henri Lévy, Olivier Rolin, Elisabeth Roudinesco, Guy Sorman, Pierre-André Taguieff, Michel Taubmann et la rédaction de la revue "Le Meilleur des mondes", Philippe Val, Marc Weitzmann.
SIGNER LA PETITION >>>>http://www.resiliencetv.fr/modules/epetitions/petitions.php?petitionid=14
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