Friday, November 03, 2006

voile islamique: l' archéologue turque acquittée

Décidément la Turquie ne cesse de s'illustrer négativement entre deux pôles politiques extrêmes que sont d'un côté l'islamisme et de l'autre un nationalisme virulent teinté de racisme, qui ferait passer Le Pen pour un modéré de chez modéré.

Mais parfois ça se termine bien, car la justice ne suit pas forcément les orientations des excités évoqués plus haut...
On imagine très bien que ses propos aient fait hurler les islamistes...

mercredi 1 novembre 2006, 14h00

Polémique sur le voile islamique: l'archéologue turque acquittée

ANKARA (AP) - L'archéologue turque âgée de 92 ans qui était jugée pour avoir écrit que le voile remontait à plus de 5.000 ans, bien avant la naissance de l'Islam, a été acquittée mercredi par la justice turque. Muazzez Ilmiye Cig affirmait également qu'il était à l'origine porté par des prêtresses initiant sexuellement de jeunes hommes.
L'Union européenne fait fortement pression sur Ankara en faveur de la liberté d'expression, dans le cadre de la candidature turque à l'UE.
Le procès de cette spécialiste de la civilisation sumérienne en Mésopotamie fait suite à ceux d'écrivains, journalistes et universitaires, dont les écrivains Orhan Pamuk et Elif Shafak, qui ont suscité des protestations internationales. Les charges contre le prix Nobel de littérature 2006, poursuivi pour avoir évoqué le génocide arménien, ont été abandonnées, et la romancière a été acquittée.
Mais, contrairement à Orhan Pamuk ou Elif Shafak, poursuivis dans le cadre de l'article 301 du code pénal turc qui prévoit des sanctions pour insulte à la République turque, ses institutions ou l'identité turque, l'archéologue était accusée d'"incitation à la haine religieuse". Elle risquait un an et demi de prison.
Lors de son procès qui a duré moins d'une heure, l'ancienne archéologue, à la retraite depuis 1972, a rejeté les accusations dont elle faisait l'objet: "Je suis une femme de science (...) Je n'ai jamais insulté personne", a-t-elle déclaré, citée par la chaîne privée turque NTV.
Le tribunal d'Istanbul devant lequel elle était jugée a estimé que ses propos ne constituaient pas un crime. Son éditeur, Ismet Ogutucu, de la maison Kaynak, a également été acquitté.
Ce nouveau procès s'est déroulé une semaine avant la remise d'un rapport crucial de l'Union européenne sur les progrès de la Turquie vers l'adhésion, qui s'annonce critique envers Ankara.
C'est un avocat se disant insulté par les propos de Muazzez Imiye Cig dans son dernier livre qui avait porté plainte. Dans cet essai politique intitulé "Mes Réactions de citoyenne", elle explique notamment que le port du foulard est apparu à l'époque sumérienne, quand les prêtresses se voilaient pour initier de jeunes hommes, ce qui avait indigné les milieux islamistes.
Muazzez Imiye Cig, qui défend la laïcité, s'était distinguée en écrivant à Emine Erdogan, l'épouse du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, pour lui demander de retirer son voile. Elle l'appelait à donner l'exemple dans ce pays laïc, à majorité musulmane, où de plus en plus de femmes portent le voile pour manifester leur piété ou sous la pression de courants fondamentalistes.
La Turquie possède des lois strictes sur la laïcité, interdisant le foulard à l'école et dans la fonction publique. Erdogan, dont le parti AKP prend ses racines dans le mouvement islamique turc, n'a pas caché son souhait d'assouplir la loi sur le foulard islamique mais, soucieux de ne pas heurter les cercles laïcs, y compris la puissante armée turque, il a dit vouloir prendre le temps de réfléchir à cette question. AP

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