Friday, November 03, 2006

Ruse saoudienne

vendredi 3 novembre 2006, 18h24
Excuses de deux auteurs d'un livre sur Al-Qaïda: mise en garde de RSF


PARIS (AFP) - Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF), s'est insurgé vendredi contre le procédé consistant à acheter dans des journaux français de l'espace publicitaire pour une décision de justice prise à l'étranger.

M. Ménard fait référence à un encart publicitaire publié cette semaine dans Le Figaro et Le Monde, dans lequel Jean-Charles Brisard et Guillaume Dasquié, auteurs d'un livre sur le financement d'Al-Qaïda, s'excusent d'avoir mis en cause deux financiers saoudiens.

L'encart est intitulé "présentation d'excuses au cheik Khalid Bin Mahfouz et au cheik Abdulrahman Bin Mahfouz" et signé des auteurs de "La vérité interdite", un livre publié en France en 2001.

Déboutés dans un premier temps en Belgique, les financiers saoudiens ont intenté un procés à MM. Brisard et Dasquié en Grande-Bretagne où le livre n'a pas été publié. "En matière d'article ou de livre traitant du financement du terrorisme, la jusrisprudence britannique est plus exigeante", a indiqué à l'AFP Robert Ménard.

Les auteurs ont été condamnés pour diffamation à 600.000 livres d'amendes par la justice de Grande-Bretagne, où leur livre n'est pas en vente mais où on peut se le procurer via internet.

"Dès le mois d'août 2003, ils (les plaignants saoudiens, ndlr) sont entrés en contact avec moi pour me proposer un marché: témoigner en leur faveur lors du procès intenté par les familles des victimes des attentats du 11 septembre aux Etats-Unis qui aura lieu d'ici 18 mois, en contrepartie de quoi ils renonceraient aux 600.000 livres", a expliqué à l'AFP M. Dasquié.

Devant son refus, les financiers saoudiens se sont contentés d'une lettre d'excuses qu'ils ont eux-mêmes rédigée et dont ils ont payé la publication sous forme d'encarts dans des journaux français et européens, dont Der Spiegel, El Pais et le Financial Times.

"C'est une première inquiétante", estime M. Ménard. "Cela signifie que vous allez pouvoir poursuivre des gens dans un pays ayant une législation qui vous est favorable. Que vous pourrez ensuite acheter de l'espace dans les journaux d'un pays où il n'y a jamais eu de poursuite ni de condamnation. Il y a 20 ans que je dirige RSF, je n'ai jamais rien vu de pareil".

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