Wednesday, November 22, 2006

Coup de projecteur sur une bien triste Egypte

Remarques:
1/ Les Frères Musulmans ont un grand pouvoir pour une organisation interdite.
2/ L'influence des wahabbites n'est pas négligeable non plus...
Question: l'Egypte, un futur régime islamiste à l'image de l'Iran de Khomeini, de l'Afghanistan des Taliban ou de l'Arabie Saoudite?


Haro sur le ministre de la Culture qui juge le voile rétrograde
EGYPTE - 19 novembre 2006 - AFP

Le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, s'est attiré de virulentes critiques pour avoir osé qualifier de rétrograde le voile, désormais porté par l'immense majorité des musulmanes d'Egypte.
Quatre-vingts députés, de la majorité à l'opposition islamiste, ont exigé dimanche un débat parlementaire sur cette opinion qui marque une hostilité au voile jamais aussi clairement exprimée par un membre du gouvernement.
M. Hosni, en charge de la culture depuis 20 ans, et considéré comme proche de Suzanne Moubarak, l'épouse du président, elle-même non voilée, a déploré qu'on assiste ainsi en Egypte à "un retour en arrière".
"Les femmes avec leurs belles chevelures ressemblent bien à des fleurs. Il ne faut donc pas les cacher aux autres", a-t-il ajouté, estimant que "de nos jours, la religion s'attache beaucoup aux apparences".
Ainsi exprimée, avec une pique contre la bigoterie ambiante, la réflexion nostalgique a été immédiatement dénoncée par les islamistes comme un blasphème et un cadeau à l'Occident.
"Il tente de saper les bases propres à la nation musulmane", a tempêté Mohamed Habib, numéro deux des Frères Musulmans, le principal groupe d'opposition, pour qui le ministre veut "se jeter dans la bras de l'Occident".
Au nom de la confrérie, qui n'est que tolérée en Egypte, un député islamiste Hamdi Hassan a exigé sa démission, et son remplacement par une personnalité "respectant notre Constitution et notre charia", la loi islamique.
Sans renier ces propos, qui tranchent avec sa prudence, y compris à l'égard des islamistes, M. Hosni a prétendu qu'ils étaient "hors interview", et n'auraient pas dû être publiés par le quotidien indépendant al-Masri Al-Yom.
Les critiques des milieux traditionalistes musulmans ont aussi débordé de l'Egypte.
Youssef Qaradawi, prédicateur star de la chaîne al-Jazeera, a estimé que Hosni "veut imiter aveuglement la civilisation occidentale qui se vautre dans les plaisirs bestiaux, cautionne la nudité et les mariages gays".
Affirmant que l'Egypte "est le berceau de l'actuel réveil islamique", le cheikh islamiste a souligné dans le quotidien Gulf Times que le port du voile était une obligation divine qui s'imposait à toutes les musulmanes.
En Arabie saoudite, le grand mufti Abdul-Aziz al-Cheikh, a qualifié sur la chaîne al-Majd la remarque du ministre égyptien de "calamité qui frappe les terres d'Islam et contredit les enseignements du Coran".
Après 30 ans de réislamisation, sous l'influence wahhabite, les femmes non voilées sont désormais surtout en Egypte des coptes chrétiennes, elles-mêmes très minoritaires.
Par choix islamiste, forte pression sociale et familiale, ou même "mode", les Egyptiennes sont voilées à 80%, selon la sociologue Mona Abaza, pour qui c'est le "signe le plus réussi et le plus préoccupant de l'islamisation".
Après les anciennes vedettes "repenties" et tombées en dévotion, c'est une nouvelle génération de stars qui se bousculent, avec voile en soie, sur les écrans de cinéma ou de télévision.
"Est-ce que le bikini fait davantage avancer la cause des femmes ?", s'est exclamé Mayar al-Bablawi, l'une des ces actrices à la piété new-look.
La réflexion de Farouk Hosni a surtout suscité l'étonnement dans les milieux intellectuels qui ne lui sont d'habitude guère favorables, mais pour des raisons différentes aux islamistes.
Pour Ezzat al-Qamhawi, romancier et éditorialiste au magazine culturel Akhbar al-Adab, "c'est surprenant de la part d'un ministre qui n'a jamais voulu de confrontation avec al-Azhar", l'establishment islamique conservateur.
"Il a même surpris les Frères Musulmans en censurant trois livres sur une simple question", a-t-il affirmé, en estimant que "le manque de culture dans la vie des gens contribue à répandre le voile".

22/11/2006 16:22
LE CAIRE, 22 nov 2006 (AFP) - Affaire Hosni : front d'intellectuel contre union sacrée pouvoir-islamistes

Un front d'intellectuels égyptiens dénonce une union sacrée entre le pouvoir et les islamistes contre le ministre de la culture, Farouk Hosni qui osé traiter le voile de rétrograde.
Pris pour cible lundi à l'Assemblée tant par des députés de son camp, le Parti National Démocratique (PND), que par les élus Frères Musulmans, M. Hosni refuse de se rétracter, et ne quitte plus depuis lundi son domicile.
Parallèlement, la confrérie islamiste a continué à organiser des manifestations anti-Hosni dans des universités, réunissant, selon la police, quelque 800 étudiants à Menya, un fief islamiste en Haute Egypte.
"Nous avons connu une époque où nos mères fréquentaient les universités et les lieux du travail sans être voilées" avait noté M. Hosni, avant de s'interroger : "Pourquoi donc ce retour en arrière aujourd'hui ?".
Près de 500 intellectuels et artistes avaient déjà signé mercredi une pétition dénonçant une atmosphère de "terrorisme culturel" en Egypte, et la "profondeur de la collusion entre la corruption et le fondamentalisme".
Souvent critiques à l'égard de la politique de M. Hosni, à ce poste depuis 19 ans, ces dignitaires s'indignent, au nom de la liberté d'expression, de la chasse aux sorcière dont il serait victime.
Parmi eux figurent des grands noms de la scène égyptienne, comme Youssef Chahine, Yosri Nasrallah, Hafar al-Hakim, ou encore les critiques de cinéma Farida Nakache ou Amina Chafiq.
"C'est de l'hypocrisie, et montre la convergence entre ce régime et les islamistes pour empêcher les Egyptiens de discuter et de penser", a déclaré à l'AFP, Alaa al-Aswani, l'auteur du roman à succès "L'immeuble Yacoubian".
Porte-parole du mouvement contestataire, Kefaya, Georges Ishak a aussi affirmé à l'AFP "avoir ses réserves sur Hosni" mais "le défendre totalement, car il est dans son droit en exprimant cette opinion" sur le voile.
Ce sont les Frères Musulmans qui ont les premiers dénoncé en termes virulents les propos de M. Hosni, et exigé sa démission, après leur publication dans le quotidien indépendant al-Masri al-Yom.
Proche de la confrérie, Youssef Qaradawi, prédicateur star de la chaîne al-Jazeera, a estimé que Hosni "veut imiter aveuglement la civilisation occidentale qui se vautre dans les plaisirs bestiaux, cautionne la nudité et les mariages gays".
Loin de se solidariser avec le ministre, considéré comme proche de Suzanne Moubarak, l'épouse du président, des députés du PND ont pris le relais des islamistes lors d'une séance houleuse à l'Assemblée.
Quelque 130 élus sur 454, parmi lesquels de nombreux députés PND, ont signé une pétition demandant le départ de M. Hosni, l'accusant "d'avoir heurté l'Islam", et le ministre a été convoqué pour s'expliquer devant l'Assemblée.
"Je ne bougerai plus tant que je n'aurai pas été réhabilité, et mon honneur lavé par l'Assemblée", a dit M. Hosni à l'AFP, affirmant qu'il n'irait ni à son bureau ministériel, ni au Parlement pour s'expliquer sur cette opinion.
Mais mercredi, le président de l'assemblée, Fathi Sorour a rejeté en séance la demandé de M. Hosni, affirmant qu'il serait "pas réhabilité au préalable" et l'invitant à se présenter devant les députés "pour convaincre les élus".
Un éditorialiste de al-Masri al-Yom, Amr Khafaga, a qualifié l'affaire de "bouffonnerie politique", critiquant le "terrorisme intellectuel des frères mulsulmans", tout comme l'attitude des élus PND qui exigent le départ de M. Hosni mais pas des ministres coupables de graves négligences.
Par conviction religieuse, choix islamiste, ou forte pression sociale et familiale, les Egyptiennes sont désormais voilées à 80%, signe patent de la réislamisation de l'Egypte.

Al Ahram Hebdo
Egypte

Polémique. Les déclarations du ministre de la Culture, Farouq Hosni, contre le port du foulard ont suscité un tollé dans les milieux islamistes, certains allant jusqu’à réclamer sa démission.

Levée de boucliers autour du voile


Les démêlés du ministre de la Culture Farouq Hosni avec les islamistes n’en finissent plus. On se souvient encore de ces manifestations qui ont eu lieu il y a quelques années à l’Université d’Al-Azhar en raison d’un roman autorisé par le ministre, Festin des algues de mer, et jugé blasphématoire. Cette fois-ci c’est sans doute sans le vouloir que Farouq Hosni a provoqué une nouvelle tempête. Dans des déclarations au quotidien indépendant, Al-Masri Al-Yom, le ministre de la Culture a critiqué le voile islamique estimant que le port de celui-ci constituait « un retour en arrière ». « Nous avons connu une époque où nos mères fréquentaient les universités et les lieux de travail sans être voilées. C’est dans cet esprit-là que nous avons grandi. Pourquoi donc ce retour en arrière aujourd’hui ? », s’est-il interrogé, affirmant que les femmes « avec leurs belles chevelures ressemblent bien à des fleurs. Il ne faut donc pas les cacher aux autres ».
Ces déclarations ont suscité une levée de boucliers dans les milieux islamistes. Les premières réactions sont venues des Frères musulmans, qui disposent de 88 députés au Parlement. Les Frères ont réclamé la démission du ministre. « Démettez ce ministre de ses fonctions et mettez à sa place un ministre de la Culture qui respecte notre Constitution, notre charia et nos valeurs », s’est insurgé Hamdi Hassan, député des Frères qui a présenté un recours urgent devant le Parlement, réclamant le départ de Farouq Hosni. « Il tente de saper les bases propres à la nation musulmane », martèle pour sa part Mohamad Habib, numéro deux de la Confrérie interdite mais toléré.
Lundi, le Parlement, présidé par Fathi Sourour, a demandé la comparution du ministre devant les commissions de la culture et des affaires religieuses pour s’expliquer sur l’affaire. « Le ministre, en tant que responsable gouvernemental, n’aura pas dû prononcer ces propos. Quiconque voudrait exprimer son point de vue personnel n’a qu’à quitter son poste », a déclaré Fathi Sourour.
Tandis que certains intellectuels ont soutenu Hosni, des oulémas d’Al-Azhar se sont élevés contre lui, estimant que ses propos constituaient une offense aux femmes musulmanes qui portent en majorité le voile. Même son de cloche dans les milieux traditionalistes musulmans. « Les propos du ministre égyptien sont une calamité qui frappe les terres d’islam et contredit les enseignements du Coran », a tempêté le grand mufti d’Arabie saoudite Abdel-Aziz Al-Cheikh.
Face au déluge de critiques, le ministre a affirmé qu’il s’exprimait hors interview et qu’« il respectait les femmes voilées », ajoutant que son ministère compte des centaines parmi elles et que personne ne leur fait du mal. Hosni a néanmoins critiqué le fait qu’on s’attache seulement aux apparences. « De nos jours, on s’attache beaucoup aux apparences. Or la relation entre Dieu et l’être humain ne peut pas dépendre de la tenue de ce dernier », a affirmé le ministre.
Quoi qu’il en soit, le débat politique est lancé. Soad Saleh, ancienne doyenne de la faculté des études islamiques à l’Université d’Al-Azhar, trouve inacceptables les déclarations du ministre. Pour elle, le voile est un devoir islamique pour toute musulmane adulte. « Ce devoir est clairement mentionné dans le Coran. Il existe des fondements qui ne doivent pas être des sujets de débat », affirme-t-elle. De l’autre côté de la barre, Iqbal Baraka, rédactrice en chef de l’hebdomadaire féministe Hawaa n’est pas de cet avis. Selon elle, le voile existait avant l’islam et a commencé à se propager massivement en Egypte sous l’influence du wahhabisme saoudien.
Au-delà de ces considérations, Diaa Rachwane, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques d’Al-Ahram (CEPS) a sa propre analyse de cet incident. « Farouq Hosni est l’un des plus anciens ministres du gouvernement. Ces propos interviennent alors qu’il est question d’une nouvelle réforme politique en Egypte. Ces propos visent à détourner l’attention et à diviser l’opposition », affirme Rachwane.
Lundi, un groupe d’intellectuels dont le réalisateur Youssef Chahine, l’historien Younane Labib Rizq, le compositeur Ammar Al-Chéreï et d’autres ont exprimé leur solidarité avec le ministre de la Culture dans un communiqué. « Ce qui a été dit par Farouq Hosni n’est qu’un avis personnel dans un sujet qui ne touche pas à l’essence de la religion. Nous dénonçons le terrorisme intellectuel contre le ministre et les tentatives de mettre à profit ses propos à des fins de propagande politique », affirme le communiqué.
Sabah Sabet



Le mercredi 08 novembre 2006

Un film sur le désir féminin censuré en Égypte
Agence France-Presse

Le Caire

Centré sur le désir féminin et le refus de l'excision, le film Dunia de la cinéaste libanaise Jocelyne Saab, a été censuré et déprogrammé mercredi en Égypte, selon la réalisatrice.
Dunia, qui a déjà été présenté dans plusieurs festivals dans le monde, n'a pas reçu son visa d'exploitation, officiellement pour non paiement des taxes aux syndicats de la profession, a indiqué la distribution.
La veille, le film avait aussi fait l'objet d'une mesure de censure portant sur deux plans, l'un sur la mutilation génitale d'une fillette, pratique quasi généralisée en Égypte, et l'autre montrant une scène d'amour.
Ayant fait scandale lors de sa première projection, il y a un an, dans le cadre du Festival du Caire, il devait sortir mardi soir dans dix-huit salles au Caire et d'autres villes égyptiennes.
«C'est un flop terrible, les gens vont aller dans les salles, et ils vont casser le film en disant que je n'ai pas payé ces taxes syndicales absurdes», a dit à l'AFP Jocelyne Saab, fustigeant également la censure.
Le directeur de la censure, Ali Abou Chadi ainsi que la distributrice Essaad Younès, ont déclaré à l'AFP que le non-paiement de ces taxes était la seule raison de la non sortie en salle, mercredi, de Dunia.
«Ce n'est pas à nous de payer, mais à la production, et elle ne l'a pas fait», a affirmé Mme Younès, directrice de la Société arabe pour la Production et la Distribution cinématographiques.
Pour Jocelyne Saab, qui n'a cessé de rencontrer en deux ans des obstacles, se faisant même désavouer par ses deux acteurs principaux, Hanan Turk et Mohamed Mounir, son film est devenu insupportable à voir en Égypte.
Dunia, qui veut dire «monde» en arabe, suit le parcours initiatique d'une jeune égyptienne, elle-même excisée, vers le désir et la liberté de pensée, à travers la danse et la poésie soufie, enseignés par deux maîtres.
Très allusif, pudiquement filmé, et plus suggestif que réaliste, il montre également une scène d'excision d'une adolescente avec une lame de rasoir que la censure a exigé de couper.
En dépit d'une opposition officielle, en particulier de Suzanne Moubarak, l'épouse du président, cette tradition non islamique est généralisée. Selon Amnesty International, 97 % des femmes égyptiennes sont excisées.
«C'est un crime contre l'humanité, j'ai filmé cette scène avec délicatesse, mais je crois que les Égyptiens ne supportent pas de se voir dans un miroir», estime la cinéaste pour qui cette société est malade de frustration.
Sous l'influence d'un prédicateur saoudien, la star qui incarne Dunia, Hanane Turk a annoncé en juin qu'elle revêtait le voile islamique, et a appelé à l'iranisation des vedettes égyptiennes.
D'un budget de 1,3 millions d'euros, Dunia est une coproduction internationale (France, Égypte, Liban et Maroc).

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